mercredi 22 avril 2009

Très rapidement...

...le succès de nos plats a fait que le client, absorbé par la dégustation de, mettons, une entrecôte Fierita (généreux steak de viande argentine grillée, poivré au grain cassé avec croute de purée de pommes, doré au beurre), oublie de regarder autour de lui.
C'est compréhensible, mais malheureusement, il ratera la moitié "spirituelle" de notre démarche, celle qui consiste à imaginer à qui peut bien avoir appartenu cette vieille plaque émaillé qui orne un des murs de la salle.
Qui sont les personnages sur les photos?
Que racontent ces livres et journaux, rangés anarchiquement dans une petite bibliothèque improvisée?
Dès que la patronne arrête un peu de courir, profitez en pour lui demander un Maté, la boisson nationale, et elle vous expliquera avec son célèbre sourire le petit rituel autour de cette infusion, ( ben non, ça n'a rien à voir avec le Saké).
Mais voilà, vous êtes venu un samedi et la salle était pleine de monde, la patronne semblait voler entre la salle et la cuisine, et l'entrecôte était, en effet, (sur)prenante.

Une fois à l'intérieur


Le voyage commence dès que vous rentrez chez nous : Un air de tango vous accueille et vous transporte doucement vers les faubourgs de Buenos Aires, que vous n'avez probablement jamais visité, mais qui commence à devenir familière.
Surtout que la ville, bâtie par nos grands-parents espagnols, italiens, ressemble beaucoup aux grandes villes européennes, et la plupart des gens que vous croisez dans la rue sont blancs de peau, exactement pareil qu’ici !




En cuisine, l’héritage est présent partout, avec des modifications et adaptations, mais très reconnaissable.
A Buenos Aires la pizza est une des premières sources d’énergie, que l'on consomme collectivement (la pizza individuelle n’existe pratiquement pas). Des italiens nous avons reçu aussi l’escalope milanaise (viande panée frite) un des mets favoris des argentins, avec sa sœur des jours fastes, la milanesa napolitana (l’escalope est recouverte d’une tranche de jambon, de sauce tomate, et de mozzarella râpée et gratiné au four).
Une mega-ville avec une activité fébrile si vous vous trouvez dans un des quartiers commerciaux qui l'animent, mais village paisible si vous vous extirpez à la folie des grandes avenues et à la circulation permanente en marchant quelques "cuadras".



Ici vous entendrez parler l'espagnol avec l'intonation de l'italien, et avec des mots, phrases et tournures argentines, souvent en "lunfardo" , l'argot de chez nous.
Vous croiserez en question de minutes le luxe tapageur et la pauvreté extrême, image qui se répétera tout au long du pays.
Par moments vous vous croirez dans une capitale européenne, tout de suite après vous serez confronté au spectacle des maisons en tôle ondulée ou dorment des familles entières.
Le "porteño"(habitant de Buenos Aires) est ouvert et sympathique, en général. Toujours content de rendre service, surtout aux étrangers.
Dans les nombreux restaurants vous vous régalerez d'une vraie "parrillada", (composée de plusieurs morceaux de différentes viandes grillées, chorizo et boudin noir), avec "chinchulines" et "mollejas" qu’on ne trouve pas en France (les premiers) ou sont trop chers (les seconds).



Revenons a notre restaurant, vous avez déjà remarqué des photos de paysages sur les murs...ces paysages grandioses et sauvages qui contrastent avec cette ville si...normale...! , si vous avez de la chance la patronne aura changé le disque et au lieu de la plainte mélancolique du tango, vous entendrez une mélodie joyeuse et syncopé, peut-être un chamamé, le rythme typique du nord-est, mélange de musiques européennes réarrangé entre l'Argentine et le Paraguay, et là on commence à s'éloigner des terres connues.

Les régions

Tant qu'on y est, on commence par le nord-est, ou "littoral" .
Ne cherchez pas des plages, ici le littoral parle de rivières, fleuves, et marécages.
En effet, toute cette région, qu'on appelle aussi la "mesopotamia", est encerclée par des fleuves majestueux, qui descendent de l'Amazone pour se jeter dans l'Atlantique après un passage par le Delta , ou toute cette eau devient le Rio de la Plata si cher aux porteños.
Au nord de cette région se trouvent les chutes de l'Iguazu, un des plus beaux paysages au monde, des kilomètres de cascades imposantes au milieu de la jungle tropicale.


C'est ici que les religieux espagnols découvrirent le maté, infusion que les indiens Guaranis buvaient beaucoup, et qui est devenue une partie irremplaçable de l'être argentin jusqu'à nos jours.
Le reste de cette région est occupée par des cultures et élevages de toute sorte et enferme encore des paysages irréels tel que les marais de l'Ibéra ou le delta du Parana.


Ce dernier est connu par les porteños comme un lieu de détente des week ends, village construit sur d’innombrables îles parmi lesquelles voguent des milliers d’embarcations en tout genre: voiliers, bateaux touristiques, « lanchas » collectives, canoës et bateaux de transport, sans compter l’épicerie flottante qui va de ponton en ponton.

Vers le sud

En sortant du delta, donc, on déboule sur la plaine qu'entoure Buenos Aires, presque aucun relief ne fait bouger la ligne de l'horizon (je mets "presque" et je ne sais pas pourquoi, je crois me rappeler de falaises du coté de San Pedro, mais je ne suis pas sûr que ce soit vraiment un relief...!) et ce sera une constante sur un bon tiers du pays (voir moitié).


Cette plaine accueille donc notre chère ville de Buenos Aires, fondée il y a pas loin de 500 ans pour la première fois.
Il a fallu remettre ça quelques années (44) plus tard, et là ça tient jusqu'à aujourd'hui.



La ville grandit grâce au commerce du cuir, que l'on tirait des énormes troupeaux de vaches qui avaient proliféré autour du point de la première fondation depuis celle-ci.
Ces mêmes troupeaux deviendront une des premières ressources du pays, multipliés à l'infini dans cette région richissime, aux plaines interminables, couvertes de pâturages naturels, sans prédateurs (animaux) ni hivers rigoureux.


C'est dans cet environnement qui naissent les premiers "gauchos" les chevaliers des plaines, employés par les tanneries pour aller chasser le boeuf et ramener les peaux, délaissant la viande, d'exploitation compliquée. Ces gauchos, indépendants et farouches, au contact de la nature, des habitants originaires et des intempéries nous donnent une deuxième facette de la personnalité argentine, qui s'identifie avec cet idéal noble et sacrifié.


D’après la légende, ils partaient au boulot avec leurs sacoches remplies de victuailles pour se sustenter, parmi lesquelles les délicieuses (et pratiques) empanadas (un disque de pâte fine farci de bœuf haché, oignons ,raisins secs, olives et épices) dont les argentins sont énormément friands, et qu’on trouve actuellement déclinés en infinité de goûts (fromage-oignons, maïs, thon, épinards, etc., etc.).
Encore un plat que l’on mange en communauté, excuse pour partager des moments d’amitié et camaraderie, l’empanada se mange exclusivement à la main et très souvent débout avec un verre de vin rouge à portée de main (l’autre).


Ne vous inquiétez pas, La Pampa met à votre disposition des fourchettes, des couteaux et des assiettes pour les manger à l'européenne..!

La Patagonie

On quitte par le sud la riche plaine de La Pampa et ses vertes prairies pour nous interner doucement dans un paysage plus désertique et inhospitalier, nous sommes en Patagonie, l'extrémité australe de l'Amérique du sud, terre de vents, de glace et de solitude.


Quelques colons courageux s'y sont installés un peu partout, principalement sur la côte et contre la cordillère des Andes à l'ouest.
Les troupeaux ici sont de moutons, dont on exploite la laine seulement.
Depuis la plage de El doradillo, à la bonne saison, autour du mois d'octobre, on peut observer les baleines franches à l'oeil nu.


Un peu plus loin, des colonies de centaines de milliers de manchots peuplent la côte, orques, éléphants et loups de mer, albatros, et plein d'autres bestioles batifolent dans ce coin tranquille, heureusement oubliés de l'être humain, un peu méfiant de toute cette immensité.




Tout au bout, Ushuaia, la ville du bout du monde, capitale de la Terre du feu, et le Finisterre (c'est du latin, ça veut dire les confins de la terre).

Les Andes

On commence à remonter mais par l'ouest, collés à la cordillère des Andes, la colonne vertébrale de l'Amérique du sud, qui prend rapidement de la hauteur.




Le spectacle dans cette partie est assuré par les nombreux glaciers, avec les fontes qui détachent des pans énormes de glace qui tombent dans les eaux des lacs, ce qui amuse grandement les touristes (vous y étiez?).


Les profils torturés des sommets donnent aussi des superbes photos (Cerro Fitz-Roy), en les suivant on rencontrera des lacs de toute beauté .


Cachés dans les forets de sapins aussi vraies que celles des Alpes, on trouve des villages typiques de montagne, avec chalets et stations de ski, et un des premiers lieux hippies, à El Bolson, le Larzac argentin.



Plus haut, Bariloche, beau village niché dans les recoins du Lac Nahuel Huapi, et porte d'entrée à la région des lacs andins.



La région des vins





La culture des vignes commence avec l'arrivée des premiers colons italiens, qui créent des vrais vergers là ou il n'y avait que des sols rocailleux.
Aujourd'hui l'Argentine est l'un des premiers pays exportateurs de vin.
Un cépage actuellement disparu en France, le Malbec, est utilisé avec bonheur par les vignerons argentins.
Notre carte de vins est presque entièrement composée de vins argentins.


C'est dans cette région qui se trouve l'Aconcagua, le plus haut sommet des Andes, avec 6962 mètres, et un des cols qui relient l'Argentine à son voisin le Chili.


Le nord-ouest


Ici les paysages sont dessinés par la pierre et les caprices de la terre avec des « quebradas » (canyons), des plateaux perchés à 3500 mètres, des salins, et des vallées autrefois peuplés par les Incas.
Les habitants de cette région sont leurs descendants, et conservent beaucoup de traditions ancestrales propres malgré la "resistence" des citadins, et sont souvent discriminés et ignorés par le "progrès".




Cette région nourrit aussi la culture argentine à travers de musiciens comme Mercedes Sosa, Atahualpa Yupanqui (décedé à Nîmes), ou Jaime Torres, et les plus grands groupes de musique folklorique sont nés ici, à Tucuman, à Salta, ou à Santiago del Estero, hauts lieux de nos traditions.




Les deux accompagnements de nos plats proviennent de cette région : La quinoa, « graine mère » des Incas, et la « Batata » , la patate douce.
Autre ingrédient important dans la cuisine du coin est le maïs, nous nous en sommes inspirés pour créer notre gâteau de maïs au jambon caramélisé.



A Salta, plus précisément à Cafayate, on produit le Torrontés, vin blanc au goût fruité et sec, cépage blanc emblématique du pays.


Le centre

Le centre du pays est le berceau de deux des plus grandes villes d'argentine: Cordoba, "la docta", ancienne ville universitaire, et Rosario, plus récente mais aussi importante dans la vie culturelle du pays, et qui donnera des enfants tels que le Che Guevara, mais aussi le "Negro" Roberto Fontanarrosa, écrivain , créateur de personnages comico/philosophiques à travers lesquels on peut regarder la personnalité des argentins un peu plus en profondeur, une fois enlevé la couche du vernis tango-football-latin lover, et en rire franchement..
Les paysages sont un peu plus pépères, on trouve même une certaine ressemblance entre les "sierras" de Cordoba et notre garrigue.
Mais la beauté des paysages est quand même représentée par des petites rivières serpentant entre les collines et les rochers, des lacs, et une douceur de vivre bienfaisante partout .


La Pampa, c'est ici. Une prairie colossale peuplée par des hommes et des femmes mais aussi par boeufs et chevaux.

A ce sujet, je vous recommande d"essayer de voir le documentaire consacré à l'Argentine dans la série "Le monde des chevaux" passé récemment sur Arte, un excellent travail tant sur le plan des témoignages qu'il collecte, que sur le plan cinématographique.
Paysage d'une platitude sans défaut, qui donne "le vertige horizontal", berceau des plus grands mythes fondateurs de la Nation Argentine et corne d'abondance d’inégal partage.


"Je crois que le problème n'est pas l'injuste distribution de la richesse, Mendieta, c'est la généreuse distribution de la pauvreté"





Le nord-centre pas trop à l’ouest


Il reste à décrire une partie du pays qui ne détient pas de paysages grandioses, ni richesse particulière, des provinces un peu oubliés dont l’intelligentzia des capitales se souvient lors des grandes catastrophes naturelles ou pas du tout, ce qui ne signifie pas forcément qu’il n’y à rien à y découvrir…



lundi 20 avril 2009

Quelques uns des nos plats

Entrées (accompagnées d'une petite salade)

Soupe aux légumes et à la quinoa epicée (sans salade)
Empanada au choix
Faina
Boudin noir grillé
Chorizo grillée
Gateau de maïs et jambon caramelisé

Plats

Steak de viande argentine grillé
Suprema Maryland
Milanaise napolitaine
Poisson grillé sauce "criolla"
Pâtes maison du jour
Churrasco grillé garni au chimichurri
Escalope milanaise garnie

Desserts
Crêpe aux pommes
Fondant au chocolat
Crepe à la confiture de lait